Haïti : Quand les médicaments viennent à manquer

Si nous ne trouvons pas de médicaments rapidement, nous courrons à la catastrophe. Je ne peux pas me résoudre à les regarder mourir !!!

Dans un récent communiqué, l’ONG Médecins Sans Frontières alerte sur une pénurie grave de médicaments sur l’ensemble du territoire haïtien, et plus particulièrement dans la région de Port au Prince.

Le dysfonctionnement des aéroports et des ports engendre de sérieuses difficultés d’approvisionnement pour les organisations humanitaires. De nombreuses interventions médicales sont également interrompues car le matériel nécessaire aux soins ou aux interventions chirurgicales n’est plus acheminé.

Un responsable de MSF a déclaré à l’AFP : « Nous devons faire face à un afflux de patients toujours plus important compte tenu des conditions sanitaires déplorables dans le pays. Si nous ne pouvons plus recevoir notre matériel et les médicaments nécessaires au traitement des patients, nous serons contraints d’annuler très rapidement toutes nos interventions et soins ».

Selon ce même responsable, la propagation de maladies telles que la tuberculose pourrait s’aggraver de manière exponentielle faute de pouvoir soigner les malades. A cela s’ajoutent les conditions insalubres dans lesquelles vivent ces malades, souvent entassés dans des hôpitaux de fortunes installés comme elles le peuvent par les ONG.

A titre d’exemple, l’hôpital de Carrefour, ouvert au mois de mars dernier, géré par MSF dispose d’un stock de médicaments qui n’excédera pas 6 mois…

Médecins Sans Frontières a lancé un appel au Conseil Présidentiel de Transition pour qu’il alerte les autorités en charge des douanes afin de faciliter l’arrivée des médicaments et du nécessaire médical dans les ports.

Ce ne sera pas chose facile quand on sait que la plupart des infrastructures sont aux mains des gangs et des mafias en tous genres.

Hôpitaux et orphelinats démunis face au fléau du VIH

Officiellement, environ 150 000 personnes en Haïti, sont atteinte du VIH ou ont déclaré un SIDA. Mais, selon les organisations humanitaires comme Médecins Sans Frontières ou Médecins du Monde, ce chiffre serait bien inférieur à la réalité…

Marie Denis-Luque, Fondatrice de l’association CHOAIDS (Caring for Haïtians Orphans with AIDS) que l’on peut traduire par : « Prendre soin des orphelins haïtiens atteints du SIDA », estime de son côté que la pénurie de médicaments peut également s’expliquer par la récente décision du Président Américain, Donald Trump, de réduire de plus de 90 % l’aide aux organismes humanitaires et d’amputer d’autant les subventions à l’ONG USAID.

« Nous avons un stock de médicaments qui devrait nous permettre de tenir jusqu’au mois de juillet, ensuite… nous ne savons pas comment nous allons pouvoir soigner nos malades ».

confiait Marie Denis-Luque.

Au sein du foyer-hôpital dont elle s’occupe, ce sont des femmes séropositives qui s’occupent de 26 enfants infectés par le VIH, certains d’entre eux ont moins d’un an….

Ce foyer était situé à Port au Prince jusqu’en 2023, mais la violence des gangs et leur mainmise sur la capitale ont contraint l’association à déménager à Cap Haïtien, au nord du pays.

Suite aux baisses drastiques des subventions en provenance de USAID, Marie a lancé des appels tous azimuts, auprès des organismes internationaux, mais n’a, pour le moment, obtenu aucune réponse. « Je ne peux pas me résoudre à les regarder mourir !!! » a-t-elle déclaré récemment à l’Associated Press.

De son côté, dans un hôpital du Cap Haïtien, le Docteur Marklin s’efforce de soigner 550 patients séropositifs. « Si nous ne trouvons pas de médicaments rapidement, nous courrons à la catastrophe ».

Chaque année, ce médecin recevait environ 165 000 USD pour soigner et aider les patients atteints du SIDA, mais ce financement a été stoppé…. Il prévoit que dans 2 mois, l’hôpital n’aura plus de médicaments contre le VIH. Lui aussi lance des appels à l’aide auprès de la communauté internationale…. pour l’heure, sans résultat probant.

Quant au Conseil Présidentiel de transition, il semble plus intéressé par la rédaction et l’adoption d’une nouvelle constitution pour le pays.

Certains experts internationaux affirment qu’Haïti connaîtra une augmentation sans précédent des infections par le VIH et autres maladies infectieuses comme la tuberculose, si le problème de l’approvisionnement en médicaments n’est pas résolu dans les prochaines semaines.

Un facteur de contagion encore aggravé au moment où la violence des gangs et la pauvreté augmentent.

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À propos de l'auteur

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Patrick PINTO
Ancien rédacteur en chef de France 3 Alpes, où il a géré les équipes éditoriales pour les actualités régionales. Désormais à la retraite, il est secrétaire de l'association SolAyiti, où il rédige les revues de presse pour informer sur la situation en Haïti.
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Patrick PINTO
Ancien rédacteur en chef de France 3 Alpes, où il a géré les équipes éditoriales pour les actualités régionales. Désormais à la retraite, il est secrétaire de l'association SolAyiti, où il rédige les revues de presse pour informer sur la situation en Haïti.

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