À Washington, fin avril 2025, lors des réunions de printemps de la Banque Mondiale, Rufus N. Darkortey en a appelé à la solidarité des pays du Sud en espérant des investissements importants de la diaspora. Un appel lancé suite au désengagement américain en faveur d’Haïti.
Qui est Rufus N. Darkortey ? Il est le Directeur Exécutif pour la Banque Africaine de Développement. Sa délégation regroupe un certain nombre de pays africains : La Gambie, le Ghana, le Libéria, la Sierra Leone et le Soudan. Faisant référence à la Mission de Sécurité dirigée par le Kenya sous l’égide de l’ONU, selon lui l’Afrique peut faire plus pour aider Haïti en matière d’investissement et de soutien logistique : « Nous savons, par exemple, que le Nigeria est un pays riche grâce à sa rente pétrolière. Il pourrait apporter des compétences techniques ainsi qu’un un soutien logistique et financier important pour le redressement d’Haïti ».
De son côté, le ministre haïtien des finances et de l’économie Alfred fils Metellus a indiqué que le Benin souhaite à son tour, à l’instar du Kenya, envoyer des soldats en Haïti pour aider la police.
Mais au-delà de l’envoi de contingents sur place pour assurer une sécurité précaire, plusieurs experts financiers haïtiens comme Vladimir Laborde, fondateur de « Haïti Business Accelerator », estiment que le pays a un besoin urgent d’investissements : « Certes, certains pays africains sont prêts à nous aider et à faire jouer une certaine solidarité culturelle envers Haïti, mais de nombreux pays en Afrique sont également en proie à de grandes difficultés ».
Et de poser cette question : Quid de la diaspora ? Environ 2 millions d’Haïtiens vivent actuellement à l’étranger. Pour Bernard Sabine, co-organisateur du forum sur le financement des infrastructures Afrique-Caraïbes, il est temps que la diaspora agisse.
Pour remettre en état les infrastructures routières, les télécommunications, le système de santé ou les écoles, il faudrait investir environ 3 milliards de dollars. Selon le ministère haïtien de l’économie, cela représente près de 20 % du Produit Intérieur Brut du pays… Impossible de réunir une telle somme dans un pays exsangue et en grande partie sous la coupe réglée des gangs et des mafias en tous genres.
Le Ministre des finances et de l’économie souhaiterait créer des partenariats public/privé : « Nous devons créer ou re-créer de la confiance pour pousser la diaspora haïtienne à investir. Si les partenariats sont bien organisés, les haïtiens de l’étranger peuvent, non seulement envoyer de l’argent aux familles restées sur place, mais également participer à la reconstruction de leur pays ».
Mes les intentions, les souhaits et les études menées par les investisseurs potentiels, haïtiens ou étrangers, restent soumis à l’amélioration de la situation sur place. Obtenir des soutiens en Haïti reste très difficile, en raison des gangs qui contrôlent une partie du territoire.
Pour Alfred Fils Metellus, il faut d’abord rétablir la confiance en investissant massivement dans le retour de la sécurité et en éradiquant les gangs.
« Que les investissements viennent de pays africains ou de la diaspora, la priorité est le rétablissement de l’état de droit dans le pays. Faute de quoi, les fonds investis en Haïti seront détournés par les mafias ».
Selon Rufus N. Darkortey, le risque sécuritaire existe aussi dans certains pays d’Afrique, tout comme en Haïti. Pour autant, de nombreuses entreprises y prospèrent, maximisent leurs profits et investissent dans leurs territoires. Mais ce « modèle » est-il transposable en Haïti ?
Interviewé par un journaliste de Associated Press, un chef d’entreprise haïtien établi au Canada confie que les haïtiens de l’étranger cherchent à répondre aux besoins urgents du présent, tout en essayant de jeter les bases d’un avenir stable et durable pour Haïti. : « Nous voulons pouvoir construire dès maintenant quelque chose de meilleur pour nos compatriotes restés au pays et de meilleur pour nous lorsque nous serons prêts à rentrer en Haïti ».
A lire… Ecouter… Voir…
Haïti : Les gangs menacent de torpiller la transition politique – LE MONDE – www.lemonde.fr
Haïti : Les coûts de l’inaction seraient insupportables – LA BANQUE MONDIALE
Haïti proche du point de non-retour – OUEST FRANCE – www.ouest-france.fr
République dominicaine : Peur au ventre pour les migrantes haïtiennes enceintes
FRANCE 24 – www.france24.com
Dette haïtienne : Paris annonce un travail de mémoire – TV5 MONDE – www.tv5monde.com
Haïti : Il y a 200 ans, une lourde indemnité payée à la France en échange de l’indépendance.
LA CROIX – www.la-croix.com
Emmanuel Macron annonce des initiatives sur le passé colonial de la France en Haïti
LE FIGARO – www.lefigaro.fr
Haïti ravagée par les gangs – RFI – www.rfi.fr
Crise en Haïti : Les organisations citoyennes interpellent les prix Nobel pour dénoncer un génocide silencieux. – RHINEWS – www.rhinews.com