Haïti : 2024, année des élections…. ou inexorable chaos ?

Toujours sous l’emprise des gangs armés et des mafias locales, le pays réclame plus que jamais l’aide d’une force armée internationale. Mais la voix de ce petit pays autrefois surnommé « La perle des Caraïbes » se perd dans un silence mondial assourdissant. Les États-Unis soutiennent cette demande mais refusent d’envoyer des troupes. Le Président américain, Joe Biden, s’est tourné vers le Premier Ministre canadien, Justin Trudeau, lequel a écarté l’idée d’être à la tête d’une telle intervention.

Crises sécuritaire, sociale, humanitaire, politique…

« Plusieurs mois après la demande du gouvernement d’une assistance militaire internationale, aucun état ne se bouscule au portillon pour prendre le leadership de cette mission », relate dans ses colonnes, « Le Nouvelliste », le plus grand quotidien haïtien. Le 10 janvier dernier, les États-Unis et le Canada ont remis le sujet sur la table, au Mexique, en marge d’un sommet réunissant ces trois pays, liés par un traité de libre-échange depuis 30 ans.

Lors d’une rencontre bilatérale le président américain, Joe Biden, et le Premier Ministre canadien, Justin Trudeau, ont discuté, entre autres choses, « de la sécurité et de la stabilité en Haïti » mais, écrit « Le Nouvelliste » : « sans fournir d’indications sur la suite à donner à la demande d’assistance militaire internationale initialement formulée par le gouvernement d’Ariel Henry en octobre 2022. »

Il y a deux ans maintenant, les États-Unis avaient fait remonter cette demande au Conseil de sécurité de l’ONU, en l’appuyant fortement. Mais sans vouloir s’engager à la tête d’une telle mission militaire, car les USA prennent bien garde d’envoyer leurs propres troupes sur le terrain pour éviter de rappeler leur passé interventionniste dans ce pays.

Idem pour la France, qui, rappelons le, est responsable, depuis l’indépendance haïtienne, le 1er janvier 1804, de la paupérisation de son ancienne colonie, jadis le pays le plus prospère de la Caraïbe…

Lire : « LE MONDE » – Comment la France a obligé Haïti, son ancienne colonie, à lui verser des indemnités compensatoires.

 

Au 4ème trimestre 2023, de violentes manifestations avaient eu lieu contre l’éventualité d’une intervention américaine. Joe Biden s’est tourné vers Justin Trudeau, mais celui-ci refuse donc d’envoyer des troupes.

Seul accord entre les deux pays : continuer de renforcer, avec une efficacité plus que relative, la police nationale haïtienne pour l’aider à lutter contre les gangs lourdement armés qui ont la mainmise sur des régions entières du pays.

Sous l’égide de l’ONU, le Kenya, par la voix de son Président, Wiliam Ruto, s’est dit prêt à envoyer un millier de policiers en Haïti, dès le début de cette année 2024. Mais son principal opposant politique, Eruku Aukot, a saisi la Haute Cour de Justice de Nairobi, jugeant que : « Cette mission, dût-elle être placée sous couvert des Nations Unies, était inconstitutionnelle et sans aucun fondement légal ».

Dans son jugement du 26 janvier dernier, la Haute Cour lui a donné raison…. Pourtant, le Présidant kenyan, soutenu par son parlement, avait effectué plusieurs voyages préparatoires en Haïti et avait reçu une promesse financière des Etats-Unis à hauteur de 100 millions de dollars.

Autre pays à s’être manifesté : La Jamaïque. Le Premier Ministre jamaïcain, Andrew Holness, a indiqué que son pays est très préoccupé par la situation de son voisin haïtien. Il se dit prêt à participer à une force multinationale afin d’aider Haïti à se débarrasser des gangs qui ont fait main basse sur le pays.

Le dernier conseil de sécurité de l’ONU, qui s’est tenu le 25 janvier, a définitivement adopté le principe de l’envoi d’une force multinationale en Haïti, mais aucune décision concrète n’a été prise, et aucune nouvelle réunion sur le sujet n’est, pour l’heure, programmée.

La représentante spéciale de l’ONU pour Haïti, Maria-Isabel Salvador, a pourtant rappelé que : « la violence qui règne en Haïti a causé la mort de 8 400 personnes en 2023, soit une augmentation de 122 % par rapport à 2022 ».

La crise politique que traverse le pays n’aide en rien la crise sécuritaire, et encore moins la crise économique. Faute d’élections, le dernier tiers des sénateurs encore en place ont terminé leur mandat au début de ce mois de janvier. Le pays n’a plus de députés ni même de chef d’État depuis l’assassinat, le 7 juillet 2021, du président Jovenel Moïse. Le Premier Ministre, Ariel Henry, très contesté, gouverne seul, « sans aucun mandat, héritier de tous les pouvoirs », rappelle « Le Nouvelliste ».

Une situation désespérée que le site haïtien « Juno 7 » commente ainsi : « Plongé dans l’instabilité, le pays attend désespérément l’envoi de troupes à travers une force multinationale pour sécuriser le territoire à un moment où les gangs imposent leurs lois en violant, en tuant et en terrorisant la population »

Des élections sont théoriquement prévues le 7 février….

L’année 2024 apportera-t-elle enfin la lumière à La Perle des Caraïbes ?

 

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À propos de l'auteur

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Patrick PINTO
Ancien rédacteur en chef de France 3 Alpes, où il a géré les équipes éditoriales pour les actualités régionales. Désormais à la retraite, il est secrétaire de l'association SolAyiti, où il rédige les revues de presse pour informer sur la situation en Haïti.
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Ancien rédacteur en chef de France 3 Alpes, où il a géré les équipes éditoriales pour les actualités régionales. Désormais à la retraite, il est secrétaire de l'association SolAyiti, où il rédige les revues de presse pour informer sur la situation en Haïti.

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