Le premier bilan qui peut être dressé est plutôt en demi-teinte. Les résultats concrets se font encore largement attendre, même si des patrouilles composées de policiers haïtiens et de policiers kenyans sillonnent quasiment quotidiennement les rues de la capitale, Port au Prince, et de sa banlieue.
Les interpellations restent sporadiques et les gangs et organisations mafieuses poursuivent leurs rackets, crimes et trafics sans être réellement inquiétés.
Interrogé par l’AFP, un chauffeur de taxi de Port au Prince confiait : « les exactions des gangs se poursuivent et les bandits ne sont même pas inquiétés. »
Pour autant, FranceinfoTV faisait récemment état de 860 personnes blessées et près de 400 personnes tuées, dont au moins 36 enfants, suite aux interventions parfois musclées des forces de polices. (lire article franceinfo.fr – 27 septembre)
C’est dans ce contexte que le 22 septembre, le Président kenyan William RUTO s’est rendu en Haïti. Il a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Toussaint Louverture par la Ministre des Finances Mme Ketleen FLORESTAL.
« Ma visite en Haïti vise bien-sûr à rencontrer les forces kenyanes sur place, mais également à lancer une discussion au sujet de la gouvernance du pays et du Conseil Présidentiel de transition » a déclaré le Président kenyan, avant d’aller à la rencontre des policiers de son pays présents sur place. Ces derniers l’ont accueilli avec enthousiasme. « Notre mission a été saluée à travers le monde et votre commandant a été félicité, à la fois par le gouvernement haïtien et par nos partenaires internationaux… Mais il reste encore beaucoup à faire… ». a encore déclaré le président RUTO.
William RUTO a ensuite annoncé l’envoi très prochain de 600 policiers kenyans supplémentaires d’ici le mois de novembre. A cette heure, seul le Kenya participe, par l ‘envoi d’effectifs, à la force multinationale. D’autres pays, dont certains caribéens, comme les Bahamas et la Jamaïque, avaient annoncé l’envoi de policiers en Haïti, sans effet pour le moment.
Anthony BLINKEN en visite en Haïti le 5 septembre.
Le 5 septembre 2024, le Secrétaire d’état américain est le plus haut dignitaire des Etats-Unis à s’être rendu en Haïti depuis 2015. Une visite sous haute surveillance. Le Chef de la diplomatie américaine a tenu plusieurs réunions dans les locaux de l’ambassade américaine à Port au Prince. Lors de sa rencontre avec le 1er ministre haïtien Garry CONILLE, il a affirmé avoir constaté des progrès dans le travail des forces de polices, notamment dans la sécurisation des infrastructures publiques, comme les ports et l’aéroport de la capitale.
Il a également constaté positivement le fait que le gouvernement haïtien de transition ait étendu l’état d’urgence à l’ensemble du territoire haïtien et non plus à la seule région de port au Prince.
M. BLINKEN a en outre annoncé le déblocage de 45 millions de dollars supplémentaires pour la force multinationale. « C’est un moment de grand défi, mais aussi d’espoir pour Haïti », a déclaré le secrétaire d’état américain. Et d’ajouter « la prochaine étape cruciale dont nous avons parlé est la mise en place d’un conseil électoral, dans les toutes prochaines semaines »
De son côté, le coordinateur du Conseil Présidentiel de transition haïtien, Edgar LEBLANC-FILS, a déclaré être en mesure de présenter ce conseil électoral dès le début du mois d’octobre, avec pour objectif des élections en novembre 2025, et un transfert du pouvoir à l’équipe élue, en février 2026.
Un dossier à suivre, en rappelant que le pays n’a plus connu d’élections démocratiques depuis 2016, et que les gangs et mafias de tous ordres font toujours régner la terreur dans certaines régions du pays, en particulier dans la capitale, Port au Prince.